La Cadence Parfaite
La "formule magique" de la musique tonale
Définition
La cadence parfaite est la progression harmonique fondamentale de la musique tonale occidentale. Elle consiste en un enchaînement des degrés V et I, tous deux dans leur état fondamental (c'est-à-dire que la fondamentale de l'accord est à la partie basse dans les deux cas) et sur les temps forts.
Pierre angulaire de la musique tonale, la cadence parfaite est habituellement comparée au point de la phrase à cause de son fort caractère conclusif. C'est le type de cadence qui se trouve généralement à la fin d'un morceau ou d'une section importante. Elle donne une impression de repos complet.
Structure
La progression V → I crée un mouvement harmonique conclusif qui marque la fin d'une phrase musicale. Cette cadence est la plus forte de toutes les cadences tonales.
Exemples de Cadences
Cadence Parfaite - V → I en Do majeur
Progression classique V → I : G7 → CMaj7
Origine et fonction harmonique
La cadence parfaite fonctionne grâce à un mouvement harmonique spécifique qui crée une résolution naturelle :
- V (G7) : Accord de dominante qui crée la tension harmonique
- I (CMaj7) : Accord de tonique qui résout la tension
Dans une cadence parfaite, la sensible monte toujours à la tonique, sauf dans le seul cas où on entend la tonique à la voix juste au-dessus. Cette progression suit les règles de la résolution des dissonances et crée un sentiment de finalité absolue.
La cadence parfaite est habituellement précédée de l'accord de IVe degré (ou de son premier renversement) ou de IIe degré (ou de son premier renversement). Il peut aussi être précédé par un accord de VIe degré ou, plus rarement, de IIIe degré.
La Cadence Italienne (Cadence Complète)
La cadence italienne, aussi intitulée cadence complète, est une cadence parfaite amplifiée qui consiste dans l'enchaînement des degrés IV, V et I. Le degré II peut remplacer le degré IV (II V I) ou s'ajouter à l'enchaînement (IV II V I), ce dernier enchaînement étant très courant et se retrouvant même dans l'hymne français La Marseillaise.
La progression IV–V–I est la forme classique de la cadence italienne. Ce qui importe dans la cadence complète, c'est l'enchaînement V–I, les autres degrés sont des degrés qui préparent l'arrivée de la cadence parfaite.
La progression II–V–I est une variante où le degré II remplace le degré IV comme accord préparatoire.
Exemples concrets de morceaux
Canon en Ré majeur
Johann PachelbelCe chef-d'œuvre baroque utilise la cadence parfaite de manière exemplaire. La progression A7 → DMaj7 marque la fin de chaque phrase du canon, créant une structure harmonique claire et satisfaisante.
Ave Maria
Franz SchubertCette pièce romantique utilise la cadence parfaite pour créer des moments de repos émotionnel. La progression F7 → BbMaj7 illustre parfaitement le caractère conclusif de la cadence parfaite.
Symphonie n°5
Ludwig van BeethovenDans le finale de cette symphonie emblématique, Beethoven utilise six cadences parfaites enchaînées suivies de vingt-neuf mesures de tonique, démontrant que la cadence parfaite n'est pas définitivement conclusive mais peut être répétée pour créer de la tension.